Un peu de tout et de tout un peu

Un peu de tout et de tout un peu

Les pétales de Ludwig, Gaston Hénuzet

La guerre est un sujet d'inspiration fascinant pour un écrivain, tant pour la description des événements que pour l'analyse du comportement des humains qui, plongés dans ces situations extrêmes, révèlent leur vraie nature. La deuxième guerre mondiale est encore fraîche dans les mémoires et pourtant certaines idées qui ont fait le lit de cette guerre reviennent en force, alors même qu'il existe encore des témoins vivants de cette période où l'homme a montré qu'il pouvait se comporter en monstre féroce pour les autres humains.  Le premier livre publié par Gaston Hénuzet aborde cette période de l'histoire dans un roman inspiré au départ de faits réels et de personnages ayant réellement existé.  On se retrouve dans une famille à l'annonce de la mobilisation générale, sur les routes de l'exode, en pleine bataille de la Lys au moment de la capitulation belge, dans les stalags. On suit l'évasion rocambolesque d'un des principaux protagonistes qui finira tragiquement.  On suit l'évolution et la prise de conscience par le plus jeune frère de la famille qui d'abord séduit par l'idéologie rexiste, entre ensuite dans la résistance au péril de sa vie.  Mais la guerre n'empêche pas l'amour et l'auteur greffe deux histoires d'amour sur son roman de guerre, dont l'une d'entre elles a des accents shakespeariens de Romeo et Juliette, entre le résistant et la sœur d'un militant rexiste. J'aime les femmes de ce récit, la mère Jeanne, la jeune Rosette, Hilda l'Autrichienne qui vient faire de la résistance en Belgique, Anna, jeune femme juive elle aussi membre de la résistance, la petite Lulu, très mature pour son âge. De nombreux personnages gravitent autour des personnages principaux, certains sympathiques et attachants, d'autres moins, quelques personnes au tempérament impressionnant. L'histoire se déroule dans la région où habite l'auteur, en citant des villes et villages aux sonorités connues, seul le village de son enfance a un nom d'emprunt, mais avec le nom des localités voisines on peut facilement deviner où se déroule l'histoire.

Une histoire tragique bien construite qui s'achève sur des notes d'espoir, riche en action, mais aussi en réflexion. Roman qui va éveiller des souvenirs chez les plus âgés des lecteurs, mais qui devrait être lue par les plus jeunes aussi.

Elle est rédigée dans un style que je qualifierais de baroque (sans aucune connotation négative), voire même un certain maniérisme (au sens intellectuel du mot), avec de nombreuses métaphores (dont certaines en rapport avec la musique risquent peut-être de ne pas être comprises par un public non averti), une recherche de virtuosité dans les descriptions.  L'auteur utilise parfois des mots inusités, mais il émaille son récit aussi avec des termes argotiques et des expressions familières quand il ne fait pas s'exprimer ses personnages en wallon.

Etant donné que sans la musique, la vie serait une erreur, Gaston Hénuzet, pianiste et compositeur, a utilisé en bande sonore de son récit la 9e symphonie de Beethoven, dont on entend les accents à plusieurs reprises au cours du récit.

Un livre que j'ai eu l'occasion et le plaisir de découvrir dès avant même que l'auteur l'envoie chez l'éditeur et que je vous recommande : Les pétales de Ludwig, par Gaston Hénuzet, publié chez Memory (310 pages, 21 €, ISBN : 978-2-87413-276-6)

 



03/03/2017
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