Un peu de tout et de tout un peu

Un peu de tout et de tout un peu

EBM, EBP ... et tutti quanti : (Texte publié dans le Journal du médecin du 09 mars 2018 sous le titre Une avalanche de sigles)

Bientôt trente-sept ans de carrière font de moi désormais un vieux médecin. Lorsque j’ai terminé mes études, j’avais appris que la base de la démarche médicale se fondait sur l’analyse des symptômes anamnestiques et physiques. Après l’anamnèse systémique et puis ciblée au cours de laquelle on récoltait le maximum d’informations concernant les plaintes du patient, venait ensuite l’examen clinique proprement dit avec ses quatre piliers : inspection, palpation, percussion, auscultation dont le résultat ouvrait la porte au diagnostic différentiel et une fois le diagnostic le plus probable envisagé, on pouvait enfin décider du traitement à appliquer, traitement se fondant sur les mécanismes physiopathologiques de la maladie diagnostiquée, l’enseignement reçu de nos maîtres ainsi que sur l’expérience personnelle acquise au fil de notre pratique et notre connaissance personnelle du patient.

Foin de ces pratiques et de ce langage d’une autre époque. La médecine a évolué et le langage médical aussi.

Maintenant, fini ce que d’aucuns appellent l’Eminence based medicine. L’EBM (evidence based medicine) et depuis peu l’EBP (evidence based practice) ont la cote. Des preuves, des preuves, il nous faut des preuves.

La connaissance du patient devient désormais les ICE (Ideas, Concerns, Expectations) et les éléments cliniques sont des données à encoder de manière structurée (SOAP : subjectif, objectif, appréciation et plan) et codifiée en ICD-10- CM avec un logiciel médical agréé. Nous ne définirons notre stratégie thérapeutique qu’après avoir procédé à une recherche dans la littérature médicale en posant une question PICO ((Patient-Intervention-Comparison-Outcome) afin de cibler l’objectif de notre recherche de RCT (randomized controlled trial, ) Pratiquer ensuite un CAT( Critically Appraisal of the Topic) permettra de discerner le vrai du faux. Heureusement, il existe des GPC ou RBP. Ces GPC doivent avoir été validées par le CEBAM avec l’instrument AGREE, qui permet de vérifier si les GPC reposent sur des preuves de bonne qualité axées sur le patient càd au moins une recommandation de force A sur l’échelle SORT (Strenght of RecommendationTaxonomy.) Les GPC et la mise en pratique de l’EBM ou de l’EBP seront évidemment mis régulièrement au programme de nos GLEM au cours desquels nous confronterons notre expérience à celle des autres médecins pour être sûrs que nos pratiques soient conformes aux standards des modèles de soins définis par nos dirigeants pour une meilleure qualité des soins, en réalité dans un souci essentiellement économique.

De la sorte, nous utiliserons de manière efficiente les examens tels que RMN, PETScan, ou dosage du PSA et prescrirons à bon escient et de manière efficiente les NACO pour la FA, les IPP pour le RGO, les IEC pour l’HTA, les AINS dans la PCE, les LABA et CSI pour la BPCO… pour ne citer que quelques exemples.

En fin de consultation, nous enverrons le SUMHER du patient au RSW (pour le sud du pays), pour autant que le patient nous ait donné son EID et son NISS pour que l’on puisse créer un lien ou une relation thérapeutique. Relation thérapeutique ? A vrai dire dans tout ce processus EBM de recherche de preuves formelles reste-t-il de la place pour une médecine basée sur l’ECRS (empathie, confiance, recherche d’un sens )?

 

 



09/03/2018
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