Un peu de tout et de tout un peu

Un peu de tout et de tout un peu

Le silence des poupées (Anna Sam et Raoul Cauvin)

Personnellement, les thrillers qu'ils soient littéraires ou cinématographiques ne sont pas vraiment ma tasse de thé. J'ai du mal à comprendre que les gens puissent aimer se faire peur (sauf à imaginer qu'ils trouvent agréable que cela s'arrête) et j'ai toujours pensé qu'il fallait être doté d'un esprit assez sadique pour créer des oeuvres destinées à faire se dresser les cheveux sur la tête des gens. Seul Hitchcock, le maître du suspense, trouve grâce à mes yeux.

Le silence des poupées est arrivé entre mes mains par hasard et par la volonté de mon éditeur qui est aussi celui de l'auteur de ce roman, Anna Sam. Il m'a été soumis pour relecture avant envoi chez l'imprimeur afin de traquer ces coquilles de dernière minute qui arrivent à échapper à la vigilance de l'auteur et de tous les relecteurs.  Je me suis donc plongée dans la lecture de ce récit avec un regard purement technique d'abord mais mot après mot et page après page, je me suis laissée séduire par cette histoire aussi étrange qu'originale. 

Originale parce que le thème principal autour duquel est bâtie toute l'intrigue, c'est la taxidermie. Je conserve toujours un petit écureuil empaillé qui avait été offert à mes parents par un oncle qui avait ramassé le petit animal mort au pied d'un arbre et qui l'avait porté chez un taxidermiste dont la vitrine d'ailleurs me fascinait quand j'étais enfant. Cet écureuil est resté accroché au mur sur sa branche avec une noisette entre les pattes avant, et il avait l'air vivant, prêt à bondir... et 60 ans plus tard, bien que poussiéreux il a toujours le regard aussi vif, même s'il est relégué au dessus d'un placard dans une pièce où l'on ne va jamais.

En plongeant dans l'univers des poupées d'Anna Sam, j'ai retrouvé la fascination que je ressentais  enfant en regardant l'écureuil de mon oncle ou en contemplant derrière la vitrine du taxidermiste tous ces animaux morts et vivants tout à la fois.  Mieux qu'un musée de cire qui ne fait que reproduire la vie, les taxidermistes ressuscitent un instant de la vie d'un animal, le rendant en quelque sorte immortel.

L'auteur ne nous épargne aucun détail technique : toute la démarche taxidermique est développée au cours de son récit, très didactique sur le sujet. En tant que médecin, ayant eu l'occasion de pratiquer des séances de dissection, d'assister à une autopsie et à de nombreuses interventions chirurgicales, j'avoue que les scènes de dépeçage et de traitement de cadavres n'ont suscité chez moi aucun effroi. J'ai trouvé qu'Anna s'était bien documentée sur le sujet.

Un taxidermiste réputé qui avant de mourir veut réaliser un projet aussi macabre que surprenant, un ancien sculpteur à qui la vie a tout repris après lui avoir tout donné et qui n'a donc plus rien à perdre, un vieux chasseur alcoolique qui jouera un rôle non négligeable dans l'histoire, un manoir à l'atmosphère lugubre dont les murs cachent des activités étranges, de mystérieux personnages dont le rôle est un peu opaque au départ... Autour de tout ce scénario, on a une deuxième intrigue... dont on se demande jusqu'au bout ce qu'il en adviendra et quel est le lien avec les résidents du château.  Je ne vous en dis pas plus, on ne raconte pas un thriller.  La vie, la mort, le désir d'immortalité ...

Une histoire vraiment bien construite, un style simple comme la vie et la mort, une atmosphère sombre avec de l'humour noir en prime car Anna est une personne pleine de vie,  d'esprit et d'humour... un bon moment à passer, surtout pour ceux qui raffolent de ce genre de littérature, ils ne seront pas déçus.

Le silence des poupées, par Anna Sam, sur une idée originale de Raoul Cauvin, aux éditions Acrodacrolivres

 

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09/03/2017
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